Interview alumni : Matisse GONZALEZ, Fondatrice de Tipii

Matisse est une jeune femme courageuse et pleine de convictions. Son interview nous prouve qu’aucun chemin n’est tracé à l’avance et que son parcours professionnel est rempli de rebondissements. Vous pourrez découvrir ses précieux conseils, qu’elle nous livre en fin d’interview.

Bonjour Matisse ! Peux-tu nous en apprendre un peu plus sur ton parcours de formation ? Plutôt bonne élève ou dernier rang ?  

J’ai commencé par un BEP vente, action marchande et un bac pro commerce. Pendant mon bac pro, j’ai fait un stage dans une entreprise industrielle qui m’a beaucoup plu. C’est pourquoi je leur ai demandé de poursuivre mes études en faisant un BTS en alternance. C’est comme cela que j’ai intégré la CCI Bordeaux - Campus du Lac, où j’ai effectué un BTS MUC. Pour la petite anecdote, j’ai signé mon premier contrat d’alternance le jour de mes 18 ans. C’était plutôt un beau cadeau. J’ai beaucoup apprécié mes années dans cet établissement. Au Campus du Lac, je sentais qu’on nous impliquait dans une relation de professionnel à professionnel, et non pas d’enseignant à élève. Passionnée par mes cours, j’ai rapidement monté en compétences. J’ai validé mon BTS haut la main, et à la suite de cela j’ai décidé de rester au Campus du Lac. Je m’y sentais tellement bien ! ;)

J’ai poursuivi mes études en Bachelor Responsable de développement commercial, toujours en alternance avec la même entreprise. Cela a aussi été une superbe expérience avec de très bons intervenants et une ambiance sympathique. Ce qui m’a plu, c’était d’être avec des étudiants qui venaient de diplômes et d’univers différents, et c’était même multiculturel puisqu’il y avait des personnes étrangères dans ma classe.

Ensuite, je suis partie à l’étranger, toujours grâce au Campus du Lac, pour effectuer un stage de quatre mois en Angleterre. Je n’étais plus en cursus au Campus du Lac, j’avais fini mon bachelor, et pourtant, ils m’ont accompagnée et aidée à obtenir “la bourse leonardo” (erasmus aujourd’hui), sans quoi je ne serais jamais partie. J’ai une reconnaissance éternelle pour eux, de m’avoir permis de vivre cette expérience. Leur suivi pédagogique et leur proximité avec les étudiants sont vraiment touchants.

“Ils ne m’ont pas lâché, ils savaient que cela allait être compliqué mais ils étaient là pour moi. Ils ont changé le cours professionnel de pas mal de personnes.”

À la suite de ce stage, je suis rentrée en France, je ne savais pas trop où j’en étais, si j’avais envie de continuer les études ou non. Finalement, j’ai fait mon master 1 Développement commercial option marketing en alternance au sein de l’IDRAC, à Bordeaux. Dans le cadre de mon alternance je me suis beaucoup intéressée au marketing digital et aux nouvelles technologies. J’ai donc décidé de partir à Paris pour faire ma deuxième année en master Stratégie et Communication Digitale des Marques. J’ai intégré Sup de pub, en alternance au siège de La Banque Postale. C’était une expérience géniale, c’était un grand groupe avec des budgets considérables. Malgré mon âge, j’ai tout de suite eu des responsabilités intéressantes grâce à mes expériences professionnelles précédentes. J’ai commencé par être responsable des “Parcours clients jeunes”, où j’ai réalisé des gros programmes tels que Talent Booster. Par la suite, j’ai réalisé d’autres projets qui m’ont permis de travailler directement avec la direction marketing, comme le simulateur de prêt étudiant, qui est toujours disponible et dont je suis très fière.

Ensuite, j’ai eu envie de voir autre chose. Grâce à une amie, j’ai postulé pour faire une année Bac+6 en master Management des Achats Internationaux & Innovation à l’école KEDGE Business School. Après avoir été accepté dans le master, j’ai recherché une entreprise afin de poursuivre en alternance. J’ai rencontré la Responsable des achats innovation de la SNCF, pour un entretien qui m’a valu le poste. Mon rôle était de travailler avec des start-up, autour de 2 fonctions pour la SNCF. À la fois la transformation digitale de la fonction achat, c'est-à-dire l'acculturation et la mise en œuvre de la transformation digitale des acheteurs sur la France entière, à peu près 2000 personnes. J'étais en charge des achats dits d'open innovation, c'est-à-dire des relations entre des entreprises innovantes (startup entre autres) et la SNCF dans le but de créer de nouvelles sources de valeur.

Suite à tes études, quel a été ton chemin pour arriver jusqu’à créer Tipii ? 

À la suite de cette année de master et étant d’origine bordelaise, j'ai eu envie de quitter Paris. J'ai eu une offre à Bordeaux que j'ai acceptée. Cela me donnait l'occasion d'avoir un rythme un peu plus normal.

Je souhaitais travailler pour moi, j'ai donc décidé de monter mon entreprise à Bordeaux. Puis il y a eu la COVID et c’est là que le Campus du Lac est revenu dans ma vie, car pendant le confinement j’ai eu la chance d’enseigner pour eux. J'ai donné des cours à des élèves, pour des promotions de développeur web et web mobile. Ces formations sont financées par Pôle Emploi pour des personnes en reconversions.  De plus, j'ai accompagné le campus dans la conception de son programme avec Microsoft AI Business School, pour délivrer des formations en gestion de projet d'intelligence artificielle pour les managers et cadres dirigeants.

Ensuite, j'ai répondu à un appel d'offre pour Accompagner le développement du Label French Tech en Martinique, que j’ai obtenu pour une durée d’un an. C'est pour cela que je suis installée en Martinique depuis juin dernier. J'y développe également d'autres de mes activités comme le coaching de startups, des ateliers d'intelligence collective et du conseil en stratégie d'innovation pour les entreprises et les institutions.

Concrètement, quel est ton métier ? Tu travailles sur quel type de projet et avec quel type de personne ? 

Aujourd'hui, je suis consultante dans le cadre d’un A.M.O. Je conçois la stratégie de la Frenchtech de manière territoriale et je pilote aussi la mise en œuvre des projets. En parallèle, je donne aussi des conférences sur la tech et je travaille avec des institutionnels. C'est un peu compliqué, car ce sont des prises de décision qui sont très longues et la budgétisation n’est pas simple. Nous accompagnons les entrepreneurs à faire évoluer leurs projets, leurs produits et à s'étendre à l'étranger. 

Nous avons actuellement un programme porté par la French Tech Nationale pour rassembler toute la diaspora martiniquaise qui travaille dans le monde et faire revenir des experts tech sur le territoire. Ce projet s’adresse également aux entreprises martiniquaises qui voudraient s'exporter et qui ne savent pas comment faire. D’une part parce qu'elles ne connaissent pas les enjeux de la zone dans laquelle elles veulent aller, et d’autre part parce qu’elles n'ont pas les bons canaux de développement. 

Quelles sont tes ambitions pour l’avenir ?

"Mon ambition, c'est de me développer au-delà des frontières martiniquaises. "

J’ai aussi envie de faire grandir mon studio d’innovation qui s’appelle Tipii. On fait de l'information et de l'accompagnement aux méthodes d’innovations, que ce soit d’un point de vue managérial ou de conception de produits. 

Je souhaite continuer à accompagner des projets en Biotech et aider ces projets innovants à changer le monde. Les projets Biotech sont liés à la technologie, mais sont plutôt stratosphériques.

Un conseil à donner aux jeunes (et moins jeunes) qui cherchent leur chemin ?

Prendre plein de chemins différents, n'empêche pas d'être sur la bonne voie. Il faut juste être courageux. 

“Il faut briser les plafonds de verre, les seules limites qu’on a ce sont celles que l’on s’impose.”

Et ça, c'est important de le savoir. Il n'y a pas de secret dans la réussite. Il y a parfois des logiques qui peuvent aider, mais en fait, il n'y a pas de chemin tout tracé. Il ne faut pas hésiter à discuter avec des gens qui ont réussi et aussi ceux qui ont échoués. Leur demander, mais comment ont-ils fait ? Il faut avoir le courage de se lancer et être toujours en phase avec ses valeurs.